Finance éthique : un cycle peut en cacher un autre

3/24/2020
5 minutes

Vendredi 28 février se déroulait une conférence organisée par Assas Monde Arabe et L’institut d’études sur le droit et la justice dans les pays arabes.

La thématique : la finance islamique dans les pays arabes.

2 intervenants de renom ont répondu à l’invitation :

◼ Mohamed Bachir Ould Sass, membre fondateur du premier board en finance conforme à l’éthique musulmane (ACERFI). Comité qui pour rappel certifie et audite nos solutions. Il est également enseignant chercheur en Finance islamique à l’Université de Strasbourg.

◼ Taha Lahbabi, Responsable de la Structuration Institutionnelle chez ConexCap dont fait partie de 570easi. Avant de nous rejoindre, il était conseiller du fondateur et chairman du Groupe Bancaire Al Baraka à Bahrain, Vice-Président à l’IILM Corporation en Malaisie et Banquier d’Investissement auprès d’institutions telles qu’Emirates Islamic Bank et Abu Dhabi Islamic Bank. Il a commencé sa carrière en finance islamique à HSBC Amanah.

Comme exposé par le Professeur Ould-Sass dans son introduction, la finance islamique a une longue histoire ponctuée de cycles extinction / renaissance. Dans le cadre de sa présentation, Taha a exposé le cycle actuel :

1⃣ Le début du cycle est marqué par la crise financière de 2008 qui a mis en lumière la vulnérabilité du système financier et bancaire conventionnel tout en exposant la stabilité et la résilience de la finance dite islamique* :

Cette solidité, les banques islamiques la doivent à leur ancrage dans l’économie réelle, un des principes fondamentaux étant l’existence d’actifs sous-jacents servant de support à toute transaction. Les produits dérivés, dont l’utilisation par les banques était à ce stade encore balbutiante, restent majoritairement cantonnés à un rôle de couverture (la mitigation du risque étant autorisée), limitant de ce fait considérablement leur exposition à des produits purement spéculatifs, déconnectés et toxiques.**

2⃣ Les banques islamiques étant toutefois tributaires de leur environnement économique, leur croissance ralentit mais reprend progressivement une phase de croissance accélérée au début des années 2010 (10 à 15% de TCAM).***

Cette phase de développement intense s’accompagne d’un étoffement de leur offre visant tous les segments bancaires, ainsi que d’un alignement compétitif avec les banques conventionnelles. Les banques progressent, sont ambitieuses et déploient des stratégies agressives, recrutant massivement et investissant dans leur expansion.

3⃣ Maintenir ce rythme a un coût; l’exigence de rentabilité, alliée à un ralentissement économique et des exigences prudentielles et comptables de plus en plus restrictives*, pousse les banques à réduire leur offre et se focaliser sur des structures au détriment de produits plus marquée éthiquement dans leur montage comme dans leur finalité.****

La fin de cycle semble imminente. Toutefois, elle n’annonce ni l’extinction des banques, (simplement leur mutation et leur adaptation face à cette nouvelle donne), ni de la finance islamique, dont les banques ne représentent qu’une facette.

La convergence d’une prise de conscience mondiale sur les questions éthiques, écologiques et de développement solidaire avec l’avènement de nouvelles technologies prometteuses d’autre part est une opportunité unique pour un renouveau de la finance islamique.

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Forbes

Ce tournant n’est pas porté par les banques et n’est pas cantonné à une région du monde. En Novembre 2019, la Banque Islamique de Développement, une Institution Multilatérale au même titre que la Banque Mondiale, annonce lors d’un événement organisé au Luxembourg par le Ministère des Finances l’émission du premier Green Sukuk multilatéral en euros (un titre obligataire éthique payant un profit basé sur un portefeuille d’actifs sous-jacents) pour un montant d’un milliard d’euros. ConexCap était invité à cet événement.****

ConexCap, groupe Européen, n’est pas seulement convié à ces événements historiques, il est un des acteurs de ce renouveau :

570easi de par son travail depuis maintenant 10 ans sur le marché français, a su mettre en place une finance universelle, qui parle à toutes et à tous.

Une finance innovante et responsable.

Un des principaux défis rencontrés par les banques islamiques modernes est le durcissement des règles prudentielles (Bale III, citons notamment les exigences sur les ratios de Capitaux, NSFR et LCR…) comptables (IFRS9 et son impact sur les montages des transactions Chariah-compatibles) et de Compliance (KYC, AML/CTF, FATCA, CRS…)

Combinés au ralentissement économique mondial et notamment la dégradation durable des revenus pétroliers des pays du Golfe, ainsi qu’à une concurrence féroce avec de nouveaux entrants dans des marchés déjà saturés, les banques islamiques peinent à survivre du fait de leur taille et empreinte géographique généralement limitées.

C’est pour cette raison que l’on assiste à la consolidation des banques, à travers des fusions (Dubai Islamic Bank et Noor Bank en 2020) ou des acquisitions/intégrations à des groupes bancaires conventionnels (Abu Dhabi Commercial Bank avec Al Hilal Bank en 2019).

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