Finance

Le fonds euros : l'illusion de la sécurité qui vous coûte votre éthique

Anass PATEL
10/23/2025
10 min

Nous poursuivons notre série de trois articles dédiés aux produits d'épargne accessibles aux particuliers en France mais non conformes à l'éthique musulmane. Après avoir décrypté le Livret A, nous explorons aujourd'hui le fonds euros, ce "placement sûr" qui séduit plus de 15 millions de Français... mais qui cache les mêmes mécanismes de riba sous un habillage d'assurance.

Comme précédemment, nous expliquons comment le produit en question fonctionne, les raisons de sa non-conformité avant de finir sur les alternatives et la solution proposée par 570easi, votre plateforme de finance éthique et responsable depuis 15 ans. 

Le fonds euros : la garantie qui vous trompe

Avec plus de 1 100 milliards d'euros d'encours (soit plus de la moitié du stock d’assurance-vie), le fonds euros représente le cœur de l'assurance-vie française. Pour beaucoup d’épargnants et notamment chez les musulmans, il incarnerait le compromis idéal : "Au moins, mon capital est garanti, je ne prends pas de risque excessif." Chez 570easi, nous pensons au contraire qu'il est urgent de déconstruire cette illusion de sécurité et de révéler les rouages opaques d'un système qui, sous couvert de protection, perpétue les mêmes interdictions que le Livret A.

Partie 1 : Le fonds euros, comprendre la mécanique de la garantie pour mieux saisir le piège

Un placement "sans risque" en apparence

Le fonds euros est proposé au sein des contrats d'assurance-vie et constitue le support préféré des épargnants prudents. Ses caractéristiques semblent rassurantes :

  • Une garantie du capital : quoi qu'il arrive, vous ne perdez jamais ce que vous avez versé
  • Un rendement positif chaque année : même si modeste (autour de 2% en 2024), il est toujours supérieur à zéro
  • Une liquidité relativement bonne : vous pouvez effectuer des rachats partiels ou totaux
  • Une fiscalité attractive après 8 ans : abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple)
  • Une transmission facilitée : en cas de décès, jusqu'à 152 500 € par bénéficiaire sont exonérés de droits de succession

Cette apparente perfection cache pourtant un fonctionnement profondément opaque et un système de rémunération déconnecté de toute réalité économique.

Comment fonctionne vraiment votre fonds euros ?

Contrairement à ce que pensent la plupart des épargnants, le fonds euros n'est pas un simple "compte épargne amélioré". C'est un portefeuille d'actifs géré par la compagnie d'assurance, composé principalement de :

  • 60 à 80% d'obligations d'État et d'entreprises : dette publique française, allemande, titres corporate... Autrement dit, des prêts à intérêt.
  • 10 à 20% d'actions : pour dynamiser le rendement, mais de manière non sélective pour le client soucieux de valeurs morales
  • Le reste en immobilier et autre actifs alternatifs : actifs en direct ou via des véhicules d'investissement si tentés que ces actifs ne sont acquis par un emprunt ribawi

Le problème fondamental : vous ne choisissez rien. Vous ne savez pas précisément où va votre argent. Vous n'avez aucune visibilité sur les entreprises ou les projets financés. Vous êtes un créancier en confiance aveugle avec la compagnie d'assurance.

Le mystère de la garantie : qui paie vraiment ?

Là où le système devient véritablement opaque, c’est la compagnie d'assurance vous garantit votre capital ET un rendement. Mais comment peut-elle promettre cela malgré les fluctuations ?

La réponse : les Provisions de Participation aux Bénéfices (PPB)

C'est le terme technique que personne ne vous explique vraiment lors de la souscription. Voici comment cela fonctionne :

  1. Ecrêtage des bénéfices : quand les placements de l'assureur rapportent beaucoup (par exemple 5%), l'assureur ne vous redistribue qu'une partie (par exemple 2%) et met la différence en réserve dans la PPB
  2. Compensation des pertes : quand les placements rapportent peu voire sont en perte, l'assureur puise dans cette PPB pour maintenir un rendement positif
  3. Le lissage : ce mécanisme permet de "lisser" les rendements sur plusieurs années, rien de problématique après tout. Mais ce lissage se fait de façon artificielle, sans transparence ou de lien avec les besoins des épargnants qui restent quand même les créanciers.

Résultat : vous pensez avoir un placement "sûr", mais en réalité :

  • Vous ne bénéficiez pas pleinement des bonnes performances
  • L'assureur décide discrétionnairement de ce qu'il vous verse
  • Les gains sont confisqués dans les réserves, les pertes sont lissées pour maintenir l'illusion
  • La transparence est inexistante sur le calcul réel de votre rémunération ce qui pose un double problème d’équité et de bonne gestion.

Un rendement garanti... mais par qui et pourquoi ?

Le fonds euros repose sur un principe simple mais problématique : l'assureur fixe le taux de rendement avant même de connaître les performances réelles de ses placements.

Comment est-ce possible ? Par un mécanisme de mutualisation opaque bien expliqué ici :

  • L'assureur utilise les réserves accumulées (PPB) pour compenser les écarts
  • Il compte sur les nouveaux souscripteurs pour apporter de l'argent frais
  • Il optimise la comptabilité de ses actifs (valorisation à l'achat plutôt qu'au marché)
  • Il calibre ses engagements pour minimiser ses risques


En clair :
vous ne participez pas vraiment aux performances de l'économie réelle. Vous êtes dans un système auto-référencé où l'assureur joue le rôle de banquier et vous celui de créancier garanti. En réalité, le système a reproduit le modèle bancaire du livret A au monde de l’assurance, en appelant cela plus prosaïquement « fonds » au lieu de livret. Mais l’épargnant n’est pas dupe.

Partie 2 : Le fonds euros au prisme de l'éthique musulmane

Le riba structurel et multiforme

Si le Livret A était problématique, le fonds euros l'est encore plus, car il cumule plusieurs couches de riba :

1. Le rendement garanti = riba caractérisé

Dès lors qu'un rendement vous est promis indépendamment des performances réelles des actifs sous-jacents, nous sommes dans le riba pur. Peu importe que ce soit 1,5% ou 3%, le principe reste identique : un gain prédéterminé, déconnecté du risque réel.

La parole des compagnons est pourtant limpide : "Tout prêt qui procure un avantage est du riba". 

Votre argent est prêté à l'assureur qui vous le garantit avec intérêt, la définition même du riba.

2. L'actif sous-jacent : un portefeuille de riba

Mais le problème ne s'arrête pas là. Même si l'on acceptait le principe d'un rendement (ce qui n'est déjà pas permis), le fonds euros investit majoritairement dans la dette des États et des entreprises, ainsi que dans des actions d'entreprises potentiellement non conformes, incluant souvent des banques, des sociétés d'alcool, de tabac, de jeux d'argent...

Résultat : votre épargne alimente directement un portefeuille d’activités prohibées et ribawi. Vous êtes complice d'un système que vous pensiez éviter en "jouant la sécurité".

De plus, le fonds euros est l'exemple parfait du gharar :

  • Vous ne savez pas précisément où va votre argent
  • Vous ne connaissez pas la composition exacte du portefeuille
  • Les règles de calcul du rendement restent mystérieuses
  • Le rôle et l'ampleur des PPB ne sont jamais clairement communiqués

Cette opacité n'est pas un détail technique. C'est une caractéristique structurelle qui permet à l'assureur de masquer les vraies mécaniques du système.

Le fonds euros perpétue l'idée que l'argent peut fructifier sans participation active, sans engagement dans un projet concret, sans création de valeur réelle. C'est exactement ce que l'Islam condamne : la rente pure, le gain sans contrepartie.

En déléguant totalement la gestion à un assureur opaque, l'épargnant se décharge de toute responsabilité sur l'usage de son capital. Il ne se demande plus : "Mon argent finance-t-il des projets utiles ? Contribue-t-il au bien commun ?" Il se contente de vérifier son taux annuel.

Cette posture est contraire à l'éthique islamique qui nous enjoint à être des khalifas (gérants responsables) des biens qu'Allah nous a confiés.

En France, des millions de musulmans placent leur épargne sur des fonds euros, souvent par méconnaissance ou par résignation. Certains vont même jusqu'à calculer les intérêts perçus pour les reverser en aumône, pensant ainsi "purifier" leur épargne.

Cette pratique, aussi sincère soit-elle, ne résout rien. Elle révèle surtout un problème d'éducation financière : le riba ne se purifie pas par le don. L'argent gagné illicitement doit être redistribué, certes, mais la source du problème reste entière. Continuer à percevoir du riba en pensant le "compenser" par la charité revient à autoriser le haram sous prétexte d'en redistribuer une partie.

Le véritable enjeu n'est pas de "limiter les dégâts", mais de sortir totalement du système.

Partie 3 : Les alternatives halal pour une épargne défensive et sécuritaire

Pourquoi abandonner le fonds euros est un impératif, pas un sacrifice

Beaucoup de musulmans hésitent à quitter le fonds euros par peur :

  • "Et si je perds mon capital ?"
  • "Comment garantir mon avenir et celui de mes enfants ?"
  • "Les alternatives sont-elles vraiment crédibles ?"

Ces questions sont légitimes. Mais elles reposent sur un postulat erroné : la vraie sécurité ne vient pas d'une garantie bancaire, elle vient de la conformité à l'éthique et de l'investissement dans l'économie réelle.

Chez 570easi, nous avons développé et sélectionné des solutions qui permettent d'allier stabilité, rendement potentiel et totale conformité aux principes islamiques.

1. Le FIC luxembourgeois : l'alternative structurelle

Le Fonds Interne Collectif (FIC) luxembourgeois, prévu par la circulaire 15/3 du Commissariat aux Assurances (CAA), constitue l’équivalent fonctionnel du fonds euros français, mais avec un cadre juridique et structurel profondément différent.

Le FIC est une  au sein de l’assureur luxembourgeois, accessible exclusivement via un contrat d’assurance-vie ou de capitalisation. Ces actifs 

Les différences clés avec le fonds euros :

  • Pas de garantie en capital, mais une gestion prudente orientée vers la préservation du pool d’actifs cantonnée
  • Transparence totale sur les actifs détenus qui sont séparés comptablement de ceux de la compagnie et déposés auprès d’une banque dépositaire agréée, dans le cadre du triangle de sécurité supervisé par le CAA
  • Investissements conformes : exclusion de tout actif basé sur le riba ou des secteurs prohibés avec participation réelle aux performances : vous gagnez (ou perdez) en fonction des actifs réels, sans lissage artificiel

Pour qui ? Les épargnants qui recherchent une alternative défensive au fonds euros, sans compromis éthique, et qui acceptent que la vraie sécurité passe par la qualité des actifs, pas par une fausse promesse de garantie.

2. Le fonds Future Life : capitaliser sur les infrastructures durables

Lancé par 570easi en partenariat avec un assureur européen, le FIC Future Life incarne une approche innovante de l'épargne défensive : investir dans les infrastructures essentielles de demain.

Le principe :
  • Allocation majoritaire en actifs d'infrastructure : énergies renouvelables, réseaux de transport, infrastructures sociales (santé, éducation), télécommunications...
  • Des actifs tangibles et utiles : contrairement aux obligations d'État, vous investissez dans des projets concrets qui servent l'économie réelle
  • Des revenus récurrents : les infrastructures génèrent des flux de trésorerie stables et prévisibles (péages, redevances, loyers...)
  • Une protection contre l'inflation : beaucoup de contrats d'infrastructure sont indexés sur l'inflation

Rendements historiques : Les fonds d'infrastructure ont historiquement délivré des performances peu volatiles entre 2% et 4% annuels, 

Pour qui ?

Les épargnants qui veulent un profil défensif tout en donnant du sens à leur épargne, en finançant des projets d'avenir conformes à leurs valeurs.

Pour plus de performance ?

570easi a noué un partenariat avec l’assureur luxembourgeois et une société de gestion française pour booster la performance du FiC avec un fonds action orientée économie réelle.

Il s’agit du fonds Karama, géré par Promepar Gestion, est un fonds investi en actions conformes à l'éthique islamique, mais avec une approche défensive et prudente.

Les caractéristiques :
  • Sélection rigoureuse d'entreprises solides : grandes capitalisations, bilans sains, secteurs résilients
  • Stratégie "quality defensive" : privilégier les sociétés peu endettées, avec des revenus récurrents et une forte génération de cash
  • Filtrage éthique strict : exclusion totale des secteurs illicites (finance conventionnelle, alcool, jeux, armement, tabac, porc...)
  • Gestion active : ajustement de l'allocation en fonction des conditions de marché pour limiter la volatilité

Pourquoi c'est conforme ?
  • Investissement en actions = participation au capital d'entreprises réelles
  • Pas de garantie = acceptation du risque réel, validation et audit annuel par un comité de conformité indépendant 
  • Transparence : composition du portefeuille accessible, reporting régulier
Pour qui ?

Les épargnants prêts à accepter une certaine volatilité (inhérente aux actions) en échange d'un potentiel de rendement supérieur sur le long terme, tout en restant dans un cadre éthique strict.

Le véritable ennemi, ce n'est pas le risque, c'est l'illusion de sécurité

Le fonds euros vous promet une sécurité qu'il ne peut pas vraiment garantir, tout en vous faisant participer à un système fondé sur le riba et l'opacité. Cette fausse tranquillité a un coût spirituel et financier.

Il est temps de sortir de cette logique de passivité. Épargner de manière conforme à l'Islam ne signifie pas renoncer à la prudence. Au contraire, cela signifie investir intelligemment dans l'économie réelle, avec transparence, dans des projets qui ont du sens.

Chaque euro que vous retirez du fonds euros pour le placer dans des solutions halal est :

  • Un euro qui cesse de financer le riba
  • Un euro qui participe à construire une économie plus juste
  • Un euro qui renforce l'écosystème de la finance éthique pour les générations futures

Il est temps de reprendre le contrôle de votre épargne. Il est temps de transformer votre assurance-vie en un outil conforme à vos valeurs.

Prenez RDV avec un conseiller 570easi.

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